Famille de Martimpré
Sur le territoire de Gerbépal, nous avons deux chapelles. La plus ancienne est celle de Martimpré. C'est le 28 février 1609 que Monseigneur des Porcelets de Maillane, Evêque de Toul, autorisait la bénédiction de ce sanctuaire, élevé en l'honneur de Sainte Anne.
L'autre chapelle, qui se trouve à la « Tête de Belmont » au-dessus du chalet du Docteur Jean-Marie Vincent, date de 1889. Elle est dédiée à la Sainte Vierge et à Saint Marc.
La famille des « De Martimprey »
Est-ce la famille du chevalier Hugues qui a donné son nom à ce coin de Gerbépal ? Est-ce le contraire qui a eu lieu ? La première supposition est de beaucoup la plus vraisemblable, à moins qu'on puisse prouver le contraire !
En tout cas la famille des « De Martimprey » fut la plus belle gloire de notre village, non seulement par les hautes fonctions qu’elle a exercées ; mais aussi par les grandes alliances qu'elle a contractées.
En 1248, Hugues de Martimprey part de Besançon avec Saint Louis pour les croisades. Il sera tué à la bataille de Pharania en 1250.
En 1480, Loys de Martimprey a connu les Victoires de Jeanne d'Arc.
En 1455, Marc et Nicolas deviennent propriétaires par indivision du domaine de Martimprey. Les voilà chez nous.
Nicolas-Henri, mort en 1618 ; Jean 1er, mort en 1636 ; Henri II mort en 1662 et Jean III , morts en 1695, sont enterrés dans l'église de Gerbépal.
Jean-François 1°, mort en 1746, voulut être enterré dans l'allée du cimetière afin qu'on lui passe sur le corps. Et Edmont-Charles de Martimprey, servant sous les ordres du Duc d'Aumale, comme général de division, en Algérie, y fit construire un camp qui porte son nom. J'ai eu la visite, en 1986, de deux familles dont les parents avait créé ce village sous sa direction. Ils m'en ont fait parvenir le plan avec tous les détails.
Le site de Martimpré ( on écrit ainsi maintenant) dépendait à l'origine de l'église de Corcieux, fondée en 1480. Puis il fut rattaché à l'église de Gerbépal. La famille de Martimprey y assistait à la grand-messe chaque dimanche. Deux bancs, placés dans le cœur de notre église lui étaient réservés. Puis, après une visite de l'évêque de Toul et son ordonnance du 18 juin 1869, cesdeux bancs furent installés devant les autres bancs des fidèles, à deux ou trois pas de la table de communion.
Comme les pratiques religieuses était en grand honneur au château de Martimprey, le Comte Nicolas-Henri bientôt octogénaire, plein d'années d'expérience et de gloire (il avait été archer des gardes de Lorraine) songeant au salut de son âme et à se préparer des amis dans le ciel, fit bâtir ce petit oratoire en l'honneur de Sainte-Anne. C'était l'année 1608.
l'Angélus s’y disait pieusement au son de la petite cloche, le matin de très bonne heure, à midi et le soir, ainsi que nous le révèle une note très curieuse de Comte Jean-François. Cette note nous fait voir que la charité de nos bons Seigneurs était plus connue que leur sévérité de hauts justiciers, puisqu'une femme dénaturée avait eu l'audace d'abandonner son enfant nouveau-né sur le seuil de la chapelle seigneuriale.
On peut facilement imaginer quelle fut la joie des châtelains, des serviteurs, des fermiers et ouvriers de la Seigneurerie qui eurent le bonheur d’y entendre la messe à certains jours de fête du château. En 1658, on y célébra la messe chantée et solennelle fondé à perpétuité par Henri 1er, Comte de Martimprey, capitaine d'une compagnie des gens de pied, au service de la France.
Comme pour récompenser cette famille, Dieu se choisit un prêtre parmi ses enfants : « Vénérable Messire Jean de Martimprey, Seigneurs de Provenchères, qui deviendra Curé de Lapoutroie en 1674. L'abbé se transporta aussitôt à son poste, accompagné de sa sœur, Damoiselle Anne et y exerça le ministère durant 30 ans. Après quoi il y vécut encore 18 ans (mort en 1723) dans la retraite et la prière et se plut à dépenser les revenus de son patrimoine pour embellir la maison de Dieu. Grâce à lui, notre chapelle s'enrichit d'une cloche en 1671, d’un nouvel autel en 1695. La cloche et l'autel actuel.
Je ne sais pas si vous êtes nombreux, parmi mes Paroissiens pour avoir été saluer la petite cloche de la chapelle ; mais j'ai voulu faire sa connaissance… on ne sait jamais ce qu'on peut apprendre et les découvertes qu'on peut faire ! Qu'elle est jolie la petite cloche, au milieu de son petit clocheton. Il n'y a pas longtemps, tout a été refait à neuf par les soins de Madame François de Anould et de Monsieur Pierre Cuny, Maire de Gérardmer, qui en étaient copropriétaires.
Il y a deux dates sur cette cloche : la première 1671, fait corps avec elle, ainsi que l'inscription : « Laurens Wickracht me fecit » ( c'est Laurens Wickracht qui m'a fabriquée). La seconde a été ajouté au burin, avec ce texte : « j'ai été bénite par Monsieur N. Didelot curé de Gerbépal le 26 juillet 1809 ». Cette deuxième inscription ne fait pas corps avec la cloche, elle a été burinée sur elle lors du deuxième centenaire de la bénédiction de la chapelle.
La première inscription : 1671, nous donne l'âge exact de la cloche, qui est de 313 ans. Or, fondue et placée ici 4 années avant que l’Abbé de Martimprey fut nommé à Lapoutroie, est-ce téméraire de la lui attribuer ? Est-ce que le pèlerinage à Sainte-Anne était déjà florissant à cette époque ? Ce qui me permet de le croire, c'est l'inscription qui ne fait qu'un avec la cloche et qui est d'une beauté exceptionnelle, toute entourée de guirlandes : « Huc convolate christiani ad audiendum verbum Dei ». ( Accourez ici, chrétiens, pour entendre la Parole de Dieu). Si cette cloche avait pour mission d'appeler les gens à cette chapelle pour qu'ils entendent des sermons, il faut bien croire qu'on y prêchait et la prédication suppose un auditoire important et non pas seulement les gens du château…
Quand, à 15h le lundi de fin juillet le plus proche de la fête, nous faisons le pèlerinage avec la procession et la messe, nous pouvons imaginer les défilés successifs de nos ancêtres qui ont fêté, avant nous, Sainte-Anne peut-être depuis 300 ans !
C'est sans doute un peu pour cela qu'en cet endroit sympathique on respire le calme et la paix… nous resterons fidèle jusqu'au bout à cette tradition :
Dans ton sanctuaire,
Que de pèlerins
Sont venus te faire
Part de leurs chagrins !
Que d’âmes craintives
T’ont dit leur effroi !
Les pleurs les plus vives
S'en vont grâce à toi.
Et sur cette terre
Pendant tris cents ans
Ta main débonnaire
Garda nos parents.
Nous sommes encore
Tes enfants chéris.
Martimprey t’honore
Comme au temps jadis.